Qu’est-ce que le code switching ?

Par Famworld
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01/06/23
Qu’est-ce que le code switching ?

L’alternance codique (code switching) correspond au passage d’une langue à une autre dans un même discours. Elle est très fréquente chez les personnes bilingues. 

Quelles sont les raisons qui poussent à l’utiliser ? 

Avez-vous déjà entendu parler du code switching ! Berlin, ville où cohabitent plus de 184 nationalités, les langues étrangères font partie intégrante du paysage sonore. Qu’il s’agisse des enfants croisée le matin lorsqu’ils vont à l’école et qui s’interpellent en arabe, ou des serveurs italiens qui bavardent pendant leur pause, chaque jour réserve son lot de surprises linguistiques dans cette ville. 

Qu’est-ce que le code switching ?

La définition classique du code switching est le passage subtil d’une langue à une autre dans une même conversation. Cette pratique est courante dans les sociétés et communautés bilingues, comme par exemple chez les hispaniques installés aux États-Unis. Hors de ces contextes, ce sont surtout les personnes parfaitement bilingues qui y ont recours.

En revanche, les gens qui ont appris plusieurs langues mais n’en maîtrisent qu’une à la perfection (en général leur langue maternelle), passent plus rarement de l’une à l’autre. Cela ne les empêchera pas forcément d’avoir recours à ce qu’on appelle le code switching, étant donné qu’il existe une définition plus large de cette expression incluant le passage du langage formel au langage informel ou bien du dialecte à la langue standard.

La pratique du code switching exige un excellent niveau dans les langues utilisées, ce qui la différencie d’un simple empreint de mot qui viendrait pallier un trou de mémoire ou une absence de vocabulaire. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire d’avoir une connaissance parfaite de la langue à laquelle on subtilise un mot ou une expression. Ce genre d’emprunt linguistique peut parfois tout simplement venir du fait qu’un mot n’existe pas dans sa propre langue. On pourrait citer les mots Schadenfreude (en allemand, le fait de se réjouir du malheur des autres) ou abbiocco (en italien, l’état de somnolence qui suit un repas trop copieux), que certains utilisent sans nécessairement maîtriser l’allemand ou l’italien. 

Contrairement à cela, le code switching est un choix émanant de quelqu’un qui possède un vocabulaire riche et un large panel d’expressions idiomatiques dont il dispose à sa guise. Or, il semble qu’il existe de bonnes raisons à ce choix.

Si le code switching peut à première vue être perçu comme un mécanisme inconscient, cette pratique n’a pourtant rien d’arbitraire. Elle résulte en réalité de plusieurs facteurs, depuis la volonté d’exprimer les sentiments les plus enfouis, au besoin si humain de se faire remarquer.

Code switching : langue maternelle, langue des sentiments

Souvent, notre langue maternelle est liée à certaines valeurs, à une impression de sécurité, à l’enfance, voire même à des sentiments « primitifs ». Quelqu’un qui part vivre à l’étranger aura souvent recours à cette première langue afin d’exprimer des émotions telles que la surprise, la colère ou la peur. De façon plus générale, lorsqu’une personne est fatiguée, énervée ou à bout de nerf, elle aura tendance à repasser à sa langue maternelle dès que l’opportunité se présente, surtout face à des proches.

Toutefois, le cœur ne préfère pas nécessairement s’exprimer dans sa langue maternelle. Il est parfois justement plus facile d’aborder des thèmes délicats dans une langue qui n’est pas la sienne afin de mettre une certaine distance. 

Tout dire en un mot

Au cours d’une conversation, on peut également préférer un mot étranger à sa traduction, tout simplement parce qu’il semble correspondre exactement à ce qu’on désire exprimer. Puiser dans le vocabulaire d’une autre langue évite de devoir fouiller les méandres du cerveau à la recherche d’un terme équivalent. Par exemple, utiliser le mot allemand « Selbstvertrauen » permettra de réunir en une parole concise toutes les nuances de « confiance en soi », « assurance » et « amour-propre » ; opter pour l’anglais et dire « c’était tellement creepy » sera plus direct et plus fort qu’un « ça donnait la chair de poule ».

Les mots intraduisibles occupent une place de choix dans ce cas-là. Il peut aussi s’agir de termes existant dans sa propre langue, mais qu’on estime être soit trop précis, soit trop vagues, ou encore tout simplement moins aptes à exprimer sa pensée. Les Suédois utilisent par exemple fréquemment l’expression « making sense » (avoir du sens, être logique) parce qu’elle est simple et succincte, mais surtout parce que nous n’en avons pas de meilleure !

Code switching : à chaque sujet sa langue

Certains sujets exigent parfois une langue spécifique. Quiconque surfant sur le web est conscient de la place particulière qu’occupe l’anglais dans la sphère numérique. En France, malgré les efforts de l’Académie française, les termes anglophones restent couramment utilisés pour tout ce qui a trait aux nouvelles technologies. La langue de Shakespeare s’est en effet naturellement imposée pour décrire le monde de l’informatique (Internet, e-mail), mais aussi certains phénomènes de société même s’il existe souvent des alternatives dans d’autres langues.

Autre cas de figure du code switching 

Les personnes qui vivent à l’étranger et intègrent naturellement des termes de la langue de leur pays d’adoption dans leur vocabulaire courant. Un cas typique est celui du monde merveilleux de l’administration. À Berlin par exemple, la plupart des étrangers, y compris ceux qui ne parlent pas allemand, savent citer l’impopulaire Bürgeramt qui désigne la mairie (Amt, pour les intimes) et sa fameuse Meldebescheinigung, (attestation d’inscription au registre de la ville). Jamais il ne me viendrait à l’esprit d’utiliser des mots équivalents dans une autre langue, même dans une conversation en anglais. 

Le lien entre un thème spécifique et un idiome peut aussi naître d’un ressenti très personnel, notamment lorsqu’une expérience est intimement liée à une langue en particulier

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